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Prix littéraire de l'Afrique méditerranéenne/Maghreb décerné, le 25 mars 2014, par l'Association des Écrivains de Langue Française : A.D.E.L.F

En septembre 2012, Akram Belkaïd est revenu sur les traces de son histoire algérienne. Avec un groupe de lecteurs de La Vie , anciens appelés du contingent, pieds-noirs ou enfants de rapatriés, hommes et femmes de foi, il a sillonné le pays de son enfance, de Tlemcen à Oran, de Tibhirine à Alger, et réveillé les fantômes du passé.

Un carnet de route émaillé de témoignages et écrit alors que l’Algérie fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. Un cinquantenaire entre espoir en cette jeunesse pleine d’énergie, et déception devant tout ce que la liberté n’a pas pu offrir au pays. Un voyage aux émotions multiples — joie devant l’hospitalité de ce peuple, douleur au monastère de Tibhirine, colère dans les rues dévastées d’Alger, perplexité devant l’autoroute « aux quinze milliards de dollars » —, où chacun retrouvera son histoire algérienne.

Car, malgré tous les exils, nous n’avons de nationalité que celle de notre enfance.

lundi

Passage sur Mediapart TV : Le pouvoir algérien est une boîte noire

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Le journaliste et essayiste Akram Belkaïd, auteur de Retours en Algérie, analyse les institutions algériennes, l'absence du président Bouteflika, la situation économique du pays et ses relations avec la France.

Auteur : MediapartTags : Algérie Médiapart Akram Belkaïd Envoyé : 08 juillet


Lien pour suivre l'émission : Le pouvoir algérien est une boîte noire

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Alternatives Economiques : Retours en Algérie. Des retrouvailles émouvantes avec l'Algérie d'aujourd'hui

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Igor Martinache
Alternatives Economiques n° 326 - juillet 2013    
  
Journaliste économique et politique, Akram Belkaïd a quitté l'Algérie pour la France en 1995. A l'occasion d'un voyage avec les lecteurs d'un hebdomadaire catholique, il est revenu dans son pays natal en septembre dernier et livre ici ses impressions sous la forme d'un journal de bord très personnel. Au gré des étapes et des rencontres, il esquisse ainsi par touches successives le portrait subjectif d'une société pétrie de multiples contradictions. Le passé colonial et les années noires des violences islamistes occupent une place importante dans le récit, mais se dégagent aussi l'impression d'un grand gâchis.

La richesse du pays ne réside sans doute pas tant dans ses sous-sols que dans sa jeunesse, dont le potentiel reste largement en friches. En dépit de ses difficultés, la population n'en continue pas moins à cultiver un sens de l'hospitalité et une tolérance que le petit groupe a pu éprouver maintes fois au cours de son périple, de même que les migrants chinois croisés sur les marchés. Un ouvrage à la fois émouvant et instructif.

Retours en Algérie. Des retrouvailles émouvantes avec l'Algérie d'aujourd'hui, par Akram Belkaïd
Carnets nord, 2013, 217 p., 19 euros.
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vendredi

Extrait : j’aurais aimé avoir eu vingt ans à l’indépendance

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L'un des passages de Retours en Algérie qui me vaut la critique rageuse ou tendancieuse de certaines chroniqueuses et certains chroniqueurs français.
Des contempteurs habitués, il est vrai, à lire les lignes sans nuances d'écrivains algériens malades de leur haine de soi et/ou pitoyables dans leur obsession à devenir les nouveaux béni-oui-oui d'un néocolonialisme à peine masqué. "Moi m'sieu, Moi m'sieu, j'suis le nouveau pied-noir ! Regardez comme je suis différent des autres !"...
Oui, l'Algérie est dans la merde. Oui, elle va mal. Mais ce n'est pas une raison pour joindre sa voix à celles et ceux qui en profitent pour remettre en cause l'idée même de l'indépendance.

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Nous voici place des Martyrs, non loin de la basse Casbah (...) Un membre du groupe me raconte qu’il a fait son service militaire en Algérie et qu’il a été de faction sur cette place quelques jours à peine avant l’indépendance. « J’étais pour l’Algérie française, je te l’avoue, mais je n’ai pas été tenté de rejoindre l’OAS, me confie-t-il. Je n’étais pas d’accord pour qu’on parte d’ici mais, comme beaucoup d’appelés, je suis resté loyal au général de Gaulle. »

Je lui demande s’il a changé d’avis aujourd’hui. « Je ne sais plus. Les choses auraient pu en aller autrement », répond-il. Je lui dis que, moi aussi, j’aurais aimé être sur cette place le 5 juillet 1962. Pour connaître ce que fut la folie de ces jours de liesse. Oui, mon cher ami, j’aurais aimé avoir eu vingt ans à l’indépendance. Je viendrais aujourd’hui pour témoigner, pour affirmer, avec toute la légitimité de celui qui a vécu ces moments-là, qu’il n’y avait pas d’autres solutions. Que l’indépendance était inéluctable et qu’il ne sert plus à rien de ressasser le passé.

Ah ça oui, j’aurais aimé avoir vingt ans en ce jour de joie pour raconter une explosion populaire telle que l’Algérie n’en n’a jamais connu après. J’aurais vécu ce déferlement incandescent, j’aurais entendu les longues séries de youyous, vu les drapeaux claquer au vent et entendu la rade résonner des sirènes de bateaux. J’aurais aimé avoir vingt ans à l’indépendance pour ne pas m’en laisser conter par ceux qui dénigrent systématiquement la révolution algérienne, qui mêlent aujourd’hui dans leur vindicte ce moment de grâce et ce qu’est, hélas, devenue l’Algérie.

Avoir vingt ans en juillet 1962 pour ne pas sombrer dans la haine de soi qui défigure tant de mes compatriotes. Pour résister aux figures imposées de la repentance inversée, celle qui, notamment en France, oblige presque les Algériens à s’excuser d’avoir pris les armes pour arracher leur liberté et leur dignité. Méchant, le FLN, sommes-nous priés de dire. Mais sans le FLN, l’indépendance serait-elle tombée du ciel ? Les indigènes seraient-ils soudain devenus des citoyens français à part entière ? Soyons sérieux. Une révolution se fait rarement avec des fleurs. Elle ne peut qu’être violente et impitoyable parce qu’elle vise à faire table rase du passé et qu’elle ne souffre d’aucune nuance. Parce qu’elle entend détruire un ordre établi qui, lui aussi, userait de la violence pour durer encore.

Allons ! Nedjma (1) est certes devenue moche, avec ses pieds dans la merde et les immondices, ses vêtements flétris et son corps violenté par des soudards et des affairistes, mais elle méritait sa liberté. Oui, si j’avais eu vingt ans à l’indépendance, j’aurais sûrement été analphabète, mais aujourd’hui, et malgré toutes les tares du système éducatif algérien, mes enfants seraient peut-être ingénieur, architecte ou médecin. Ils vivraient ailleurs ou ne penseraient qu’à quitter ce pays, dites- vous ? Certes, mais où qu’ils soient, je serais fier de leur accomplissement. Ils seraient maîtres de leur vie, le dos droit et la tête relevée.

1. Pour reprendre la figure allégorique de l’Algérie dans le roman éponyme de Kateb Yacine, Nedjma (Points, Paris, 1996).
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mercredi

The Algerian Post : Retours en Algérie

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Arslan,                                                                                      

Dans son dernir livre « Retours en Algérie » Akram Belkaïd nous parle d’une Algérie trop souvent négligée. Une Algérie contemporaine, encore jeune, et dramatiquement fragile. Une Algérie de moins de 50 ans, exposée nue et sans gloire aux pieds d’une histoire déjà lointaine, majestueuse et gigantesque, achevée en feu d’artifice absolu dans le firmament d’un 20 ème siècle pourtant chargé d’épisodes.

Une histoire sublimée par l’accession flamboyante à l’indépendance d’une nation neuve, triomphante et fière, vers laquelle les exploités – on dira indignés aujourd’hui, se tourneront comme vers un exemple à suivre. Une trajectoire jadis enseignée dans les écoles du monde entier. Une histoire dont le narrateur est le fils privilégié, comme des millions d’algériens nourris aux promesses d’un destin prestigieux, et dont il va courageusement contourner tous les poncifs et certitudes congelées pour se préoccuper d’une histoire nettement plus contemporaine où il va concentrer l’essentiel de ses observations sur l’édification quotidienne et méthodique d’un immense gâchis constaté au coin de chaque rue.

Une séquence courte de 50 ans donc, saisie l’espace d’un retour et atténuée par le regard de ses accompagnateurs globalement plus vieux d’une génération et porteurs d’un contre-point interrogatif et souvent intéressant. Une séquence qui fourmille de sincères émotions, échappées de lieux oubliés ou rendus méconnaissables, et qui sont autant de pudeurs pour masquer la dureté d’un regard qui ne pardonne rien aux ravisseurs de rêves d’une génération passée en quelques années du statut de peuple élu des dieux à celui de bannis et de harragas. Une génération témoin des prodiges d’une pierre antiphilosophale, qui change l’or en plomb, les rêves en cauchemars, les champs des possibles en interminable ennui.

Des émotions d’où perce la colère toute méditerrannéene d’un passionné qui cache ici une réflexion objective dont il est également capable, et que ses lecteurs connaissent bien.

Des lecteurs qui se reconnaitront sans peine dés les premières pages du livre, dans ses descriptions et dégoûts d’une société déréglée, minée par la nullité et embarquée dans une folle trajectoire que rien ne semble pouvoir arrêter ; A Tlemcen, Oran, Alger ou Constantine, les anecdotes affluent et répètent toutes, sous différentes formes, la même consternation. Pittoresques et souvent drôles, les péripéties de ces retours sont contées avec chaleur par un homme ô combien sensible au caractère particulier et immédiatement attachant de l’Algérien, de son caractère fantasque, de sa bonté jamais feinte, de sa folie même. Elles témoignent à chaque fois du déchirement profond de l’homme arraché à sa terre et ne renforcent que plus une colère d’autant plus grande qu’elle sait la révolte compromise, suspendue à des lendemains porteurs d’hypothèses encore trop nombreuses.

Cette émotion pourtant, c’est le signe révélateur d’une énergie toujours disponible qui parcourt également le corps d’un peuple encore enfant et qui n’attend maintenant que le moment de pouvoir s’exprimer. Cette émotion c’est l’espoir d’une fierté qui sera un jour retrouvée. Un jour où l’Algérie pourra à nouveau embrasser son présent sur la bouche et retrouver ainsi les vrais rails de son destin d’exception.

Retours en Algérie, Akram Belkaïd, Carnets Nord, 2013
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